Depuis toujours, il semble que les grands défenseurs du français s’inquiètent de ce qu’il adviendra de notre langue. La crainte de tout voir remplacé par l’anglais, la peur en lisant les néo textos à base de « kefétu ? », ou, spécimen plus inquiétant, « kestufé ? », l’angoisse de voir une langue de moins en moins enseignée dans le monde et de plus en plus mal orthographiée par nous autres (jeunes) Français.
Je lisais récemment dans le JDD une chronique de l’illustre symbole de littérature Bernard Pivot intitulée « c’est la faute à l’orthographe », sur le livre Zéro Faute de François de Closets. Pivot écrit : « le français est une langue difficile à écrire, faut-il procéder à une nouvelle réforme ? François de Closets en serait un chaud partisan s’il n’était convaincu de son impossibilité. Je suis de son avis ».
Il est vrai que simplifier le français est une mission très délicate. Notre langue est tout de même connue et reconnue comme étant l’une des plus belles qui soit, en l’état, pas dans sa version SMS (enfin rassurez-moi…). L’idée de faciliter son orthographe ne ferait bien entendu de mal à personne, mais comment ? Oublier les accents comme en anglais (cela aiderait notamment en prog.) ? Dégager les tirets, paf, bien fait ? Supprimer les « s » à la fin des mots au singulier ou invariables (ça alor !) ? Abattre la cédille d’une balle dans la tête au profit du « s » (sa alor !) ? Squizzer les « ph » au profit de simples « f », Filippe ?
Pivot conclut son article en expliquant que toutes les réformes ont, pour l’instant, toujours été abandonnées, le pays bataillant pour ses traditions et les écrivains l’emportant toujours sur les linguistes.
Et de leur côté, des concepteurs rédacteurs fous continuent à travailler, un dico sur les genoux, face à des cieux bleus, et le sourire aux lèvres...